c’était l’année dernière en 2017.

 

Textes Ateliers 16/17

ces textes ont été écrits par Dominique Chantal Andrée Florence Marcelle Claudine Alice Nelly Catherine Monika Karine Stephan Nicole Antoinette Chloé Henri Sebastien François, si vous cliquez sur le lien hop ça s’ouvre et y’a plein de textes.

La saison prochaine l’atelier du Théâtre Olympia de Tours sera dirigé par Marc Blanchet les samedis

21 OCTOBRE 25 NOVEMBRE 16 DECEMBRE  20 JANVIER 17 FEVRIER 17 MARS 21 AVRIL.

 

 

Ce film a été réalisé l’année dernière par Marie Petry.

Edouard Giraud responsable de l’ARTPFLE du Lycée Arsonval et moi-même en tant qu’intervenante en atelier d’écriture auprès de ce public depuis presque 20 ans lui avions demandé de nous accompagner ponctuellement lors de nos interventions auprès du groupe. Le résultat, Des candidats libres nous a donné envie de réitérer l’expérience cette année.

Donc, dans les mois à venir, il y aura un autre film sur d’autres jeunes gens  dans le même dispositif. A suivre…

Marcelle, immobile

Aujourd’hui nous sommes le samedi 11 mars et comme souvent le samedi il fait beau et donc là encore je dis bravo et merci aux 16 FEMMES qui sont venues écrire toute la journée enfermées dans la boite noire du théâtre . Oui parce qu’aujourd’hui on est carrément sur le plateau du théâtre Olympia 37000 Tours.

Aujourd’hui on va écrire des poèmes d’amour, si si, ouais ouais et on va utiliser les formes fixes avec des contraintes de malade qu’affectionnent les OULIPIENS. J’en ai choisi 4, la première forme s’appelle le rondel, la deuxième la villanelle, là au moment ou je vous parle on en est à la villannelle  après on fera un pantoum et après une sextine. J’ai choisi cet ordre en pensant aller du plus facile au plus difficile ou du plus court au plus long. Quoiqu’il en soit on prend 30 minutes pour écrire et autant de temps qu’on veut pour lire.

Le truc c’est qu’on hurle nos textes dans la salle Bernard-Marie Koltès mais vraiment sans précaution pour nos cordes vocales. On forme un groupe d’Heavy Metal Poétique.

  
Aujourd’hui samedi 18 février nous sommes 15 au Theatre Olympia à Tours 37 France. 15 avec Jean – Frédéric  de la sécurité et là encore je dis bravo parce que c’est quand même la première semaine des vacances de la zone B qu’il fait beau qu’on dirait que c’est le printemps et qu’y en a qu’aurait pu se dire « oh et puis flûte j’y vais pas ».

Je ne suis pas sûre que le titre ait avoir avec ce qu’on va faire mais j’aimerais bien. L’idée c’est que le texte qu’ils sont en train d’écrire et dans lequel une femme a rendez-vous avec quelqu’un quelque part soit réécrit 3 fois. Et ça au moment où j’écris ils ne le savent mais carrément pas.

Ce texte on l’écrit pour Théophile Dubus qui fait partie de l’équipe des comédiens du Jeune Theatre en région Centre Val de Loire. Quand je lui avais demandé quel type de rôle il aimerait qu’on lui écrive, il avait dit je veux être une femme. Et ben on va voir.

Trois personnages et quatre feuilles


Aujourd’hui samedi 21 janvier, nous sommes 18 et la encore moi je dis chapeau bas à ceux qui sont autour de la table prêts à en découdre, à tenter l’expérience de l’atelier d’écriture. Parce qu’écrire déjà bon ok mais quand même écrire c’est dur.

Aujourd’hui samedi 21 janvier on va essayer des propositions, des exercices d’instant writing trouvé dans l’autre livre de François Bon, OUTILS DU ROMAN. Parce qu’il n’y a pas que TOUS LES MOTS SONT ADULTES dans la vie de l’animateur d’atelier d’écriture.

La semaine prochaine au Theatre Olympia se jouera Je crois en un seul dieu écrit par Stefano Massini. La comédienne Rachida Brakni interprétera trois personnages, trois points de vue. D’habitude je vois la pièce avant l’atelier et il me semble que le fait d’assister à la représentation active des envies d’ecriture de textes. Telle que je me connais sur ce type de pièce par exemple je me serai lancée dans l’exploration du monologue. Tandis que là je me suis dit tiens comment construire des personnages et après seulement on tentera de construire un texte fait des monologues des personnages. Tu vois ?

J’ai fait genre j’ai mis tous les liens  et tout parce qu’après comment je vais faire et tout d’aucun dirait c’est ma tambouille. Viens la prochaine fois, tu verras. C’est samedi 18 février pendant les vacances scolaires de la zone B.

 L’ecriture [et- est- hait] le reel
  
Aujourd’hui samedi 17 décembre 2016, nous sommes 18 dans la salle de répétition du Theatre Olympia et je dis bravo mesdames et messieurs parce que c’est la fin de l’année parce qu’on est fatigués que c’est dur de se garer. Je dis bravo d’être resté après avoir entendu  » nous ne sommes pas là pour nous divertir ! ». En même temps ça dépend de ce que l’on choisit dans le reel. Et. C’est ça qu’on va tenter d’explorer aujourd’hui :  » Comment parler du monde, comment s’emparer de l’actualité, comment porter une parole qui ne nous appartient pas ?

Ici commence l’histoire de l’agenda à l’envers d’une morale élémentaire et d’un tireur à la ligne.

prochain atelier samedi 21 janvier.

Dans l’état d’urgence, le secret

  

L’année dernière quand on a fait l’atelier on était le lendemain du jour du Bataclan. Cette année on est la veille du jour de la commémoration du un an. Nous sommes le samedi 12 novembre 2016 et il est midi au quatrième étage du Theatre Olympia à Tours. Je ne pensais pas que nous serions autant, je crois que nous sommes 14 avec moi et 15 au total avec Jean Frédéric de la sécu. 

C’est donc la deuxième saison ou un samedi par mois je propose d’écrire de 10h00 à 18h00 à partir de thèmes ou d’idées qu’ont fait naitre en moi les pièces programmées par le CDRT au Theatre Olympia.
Depuis le dernier atelier j’ai vu Presque l’Italie écrit par Ronan Cheneau, Paratonnerres écrit par Marc Antoine Cyr et j’ai entendu Seasonnal Affective Disorder écrit par Lola Molina. Chacun de ces auteurs ont travaillé de près avec les metteurs en scène et les acteurs.
Aujourd’hui j’ai proposé qu’on écrive dans un état d’urgence un texte pour un metteur en scène. Ce texte comporte un ou des personnages et l’un d’entre eux est dépositaire d’un secret qu’il veut dire.

Pour ça j’ai proposé
1/ une liste de titres
2/ choisir 4 des titres de la liste et composer la distribution des personnages, comme on trouve dans les didascalies des pièces de théâtre classique.
3/ choisir 2 des quatres titres et pour chaque personnage décrire les 4 photos les plus importantes pour chacun. 
4/ choisir 1 des deux titres, choisir un des personnages et écrire ce qu’il voudrait dire. 
5/ écrire un dialogue en utilisant l’exercice oulipien de la boule de neige.
Là on en est à la 4, après je vais laisser une demi heure aux participants pour qu’ils se proposent un assemblage et à 17h00 on ira en salle de répétion pour lire.

Prochain atelier samedi 17 décembre à 10h00.

UN ROMAN D’APPRENTISSAGE

image
Je fais des ateliers d’écriture au Centre Dramatique de Tours depuis 1997. Au début début ce n’est pas moi qui indiquait les pistes d’écriture , c’était François Bon. Moi au départ je participais. Le premier texte que j’ai écrit, le sujet en était l’ongle de mon index droit, celui que je ronge depuis toujours. Quand je l’avais lu à voix haute Francois m’avait proposé de le relire en enlevant toutes les fois où je disais ongle de mon index droit .

Deux ans plus tard le théâtre m’a proposé un poste de coordinatrice dans lequel je me formerai sur le tas. J’ai appris en faisant, en écoutant et en répétant ce que j’avais entendu. Une des premières propositions que j’ai faite c’est celle de la liste des Lieux où on a dormi une seule fois.

Personne n’était obligé de s’inscrire du coup on ne savait jamais combien on serait. Même si les choses changent ou peut être même parce qu’elles changent, je sais qu’au fond j’aime bien ne pas savoir exactement qui et combien on sera. Je fais du café et je fais chauffer de l’eau, j’apporte un paquet de feuille parfois des stylos et on verra bien.

Aujourd’hui donc, samedi 8 octobre 2016, je ne savais pas que nous serions 18. Il y a Alain, Antoinette, Fabien, Dominique, Roselyne, Marie-Paule,  Claudine, Nicole, Axelle, Chloé, Nicole, Isis, Andrée, Karine, Isabelle, Catherine, Stéphan, Alice.

Pour explorer le roman d’apprentissage, j’ai proposé d’écrire :

un beau présent, contrainte oulipienne permettant de trouver un prénom et un nom. Ce serait celui d’un personnage, il serait le héros du roman d’apprentissage.

Une généalogie à partir de l’extrait du texte de Saint-John Perse, Exil. Ce sera un texte anaphorique qui comprendra une suite de phrases commençant par celui qui, celle qui…. Cf Tous les mots sont adultes.

Le récit physique et géographique d’un moment de changement radical qui nous a amené ailleurs. Cf Idem ou plus ou moins.

La description d’une chambre dans laquelle on passe sa première nuit.  Cf, Pareil qu’idem plus ou moins.

A l’heure où j’écris ce compte rendu je m’apprête à proposer de réfléchir sur les rêves. Cf, Tous les mots sont adultes.

Ensuite c’est à dire là maintenant on va faire une pause pendant laquelle ils pourront réfléchir à comment ils pourraient organiser leur texte avant de le lire.

Atelier du 5 mars 2016

Josiane dans la Galerie de la FNAC.

12h51 : La brunette lui dit « merci bien » en lui tendant un sac en plastique blanc.

12h52 : C’est à la courgette. Alors une quiche lorraine . . Il vous fallait autre chose ?

12h53 :  Un mec hirsute de noir vêtu marche derrière deux ados .

12h54 : Une brune avec un bandeau rouge me dit : »Faut pas oublier de mettre l’heure , ça temporalise »

12h55 : Non merci . Il a deux épaulettes rouges et avance rapidement.

12h56 : Bruit de vaisselle .

12h57 : Monsieur avec parapluie avance incognito . Dame avec portable croise monsieur avec portable

12h58 : « Dame du talon » contourne l’espace repas en face des Tartes de Julie.

12h59 : Monsieur gentil, mâchoire desserrée suit Madame , ils regardent la vitrine puis repartent.

13h00 : Dame en noir , écharpe crevette , trois sacs aux bras , quatre paires de lunettes dans les main essaie des lunettes de soleil et s’en va .

13h01 : Maman , sa fille ado et le copain de sa fille . elle a mis une grosse boule de fourrure à son porte-clé.

L’homme hirsute en pantoufles repasse.

13h02 : Une femme portant un sac TEXTO passe en téléphonant devant une voyageuse à sac à dos qui écrit sur des feuilles A4 . Pourquoi n’a-t’elle pas de carnet ?

13h03 : Entre le pilier et l’éclairage bleu de la FNAC deux femmes gesticulent en agitant des documents. Elles semblent vouloir distribuer des tracts.

 

 

 

 

Bonjour,

Cette saison j’ai expérimenté l’animation d’un atelier d’écriture sur une journée. Le prochain se déroulera samedi 30 avril au Théâtre Olympia. Ce sera le sixième. Ce sera le dernier pour cette année. L’année prochaine (si dieu me prête vie comme dit Karin Romer) je continuerai cette formule.

Cette saison je n’ai presque pas mis en ligne les textes écrits mais le 10 mai les Jeunes Comédiens du Théâtre liront une selection des textes que j’ai reçu.

Et puis il y a 14 ans cette vidéo réalisée par Christophe Lollier et Yan Lentiez. Les jeunes gens du film avaient 14 ans.

 

 

Françoise dire non

J’en ai déjà parlé mais je le reparle quand même :
Depuis un peu plus de 10 ans j’anime des ateliers d’écriture à l’Ecole de la Deuxième Chance. Ces ateliers je les fais au nom du Centre Dramatique de Tours qui m’a embauché en 1996 pour coordonner des ateliers qu’ils avaient mis en place avec l’écrivain François Bon et le metteur en scène Gilles Bouillon.

Voilà où ça mène la coordination. Essayer de coordonner des trucs vous verrez c’est vous qui finirez par faire les trucs que vous deviez seulement coordonner. Je ne m’en plains pas loin de là, c’est ce qui me donne l’occasion encore aujourd’hui de côtoyer les jeunes gens qui entrent à l’Ecole de la Deuxième Chance. Ce texte a été écrit par six ou sept jeunes sur le principe de l’anaphore. J’ai laissé des fautes parce qu’elles sont belles ET parce que je ne les ai pas vu. C’est Amina qui l’a retapé. Merci Amina.

Il était une fois une jeune femme perdue.
Il était une fois une dame qui venait dans la forêt avec des loups.
Il était une fois un cochon qui saute des éléphants.
Il été une fois un ange aux ailes tellement belles et aux plumes tellement belles qu’il était jalousé de tous.
Il était une fois deux même personne voulant s’enfuir et l’autre le suit au bout d’un moment l’autre prend le bus pour quitter la ville mais l’autre n’a pas pu le suivre car il n’avait pas d’argent sur lui ! Donc il le perd de vue.
Il était une fois un garçon de la classe qui se mouchait toujours le nez.
Il était une fois un bananier
Il était une fois la tour Eiffel à Londres, la tour infernale de l’horreur.
Il était une fois une jeune fille seule et triste.
Il était une fois un jeune garçon aux cheveux noirs, ses yeux étaient lumineux et son visage était pareil à celui d’un ange. Son père était si gentil et connu dans le quartier.
Il était une fois un homme qui venait de perdre sa femme et se rendait tous les jours dans leur ancienne maison pour pleurer.
Il était une fois une incompréhension.
Il était une fois à chaque jour suffit sa peine.
Il était une fois dans la cité d’Atlantis des milliers de cadavres.
Il était une fois un monstre qui tous les soirs hurlait en regardant la lune.
Il était une fois un trou béant dans la forêt lugubre.
Il était une fois un homme à qui la vie ne lui faisait pas de cadeau.
Il était une fois pôle emploi.
Il était une fois une qui dansait jusqu’au bout de la nuit.
Il était une fois un chihuahua dans la ville de chihuahua.
Il était une fois une vieille femme qui allait mourir.
Il était une fois un chanteur.
Il était une fois un chat qui miaulait tous les matins.
Il était une fois un elfe de feu des ténèbres lumineuses.
Il était une fois une femme sombre.
Il était une fois une tempête infernale au fond du bayou.
Il était une fois une petite fille qui souhaitait devenir princesse.
Il était une fois un gangbang.
Il était une fois un marcher de louve assez nerveuse.
Il était une fois une fille enceinte.
Il était une fois un très bel homme qui cherchait le grand t’amour.

 

 

Une bonne année donc, j’en profite pour vous vous annoncer la reprise de l’atelier demain samedi au Théâtre Olympia. Les prochains auront lieu le 6 février puis le 5 mars puis le 30 avril.

Nous terminerons le 10 mai par une lecture des textes sélectionnés par les jeunes comédiens du théâtre en région centre

J’ai commencé les ateliers théâtre/Ecriture en 1997 et ma première mission a été d’accueillir une classe de SEGPA de Château-Renault et un groupe d’élève de ce qui s’appelait à l’époque une CIPPA à Neuvy-le-Roi lors d’une manifestation théâtrale qui s’appelait  » Le voyage des comédiens ». c’est cette année là que j’ai rencontré le directeur de cette CIPPA, aujourd’hui renommer ARTP FLE, Edouard Giraud avec lequel je travaille encore aujourd’hui. Au fur et à mesure des années j’ai voulu utiliser la vidéo pour garder une trace de leur pas dans la langue. Voici la dernière en date.

Des jeunes gens aujourd’hui from lea toto on Vimeo.


Marie Christine Theveny

Ce qu’il voulait c’était  anéantir  la race humaine

Il porte un nom composé, biblique, l’ange déchu est en lui, l’ange se réjouit des guerres, des conflits ethnique, les dérèglements climatiques, des populations expulsées de leur propre terre, l’ange déchu se réjouit, prend sa revanche,  regarde avec une joie immense  la domination d’un peuple sur l’autre peuple,  prend plaisir à voir des religieux confondants la croyance pour le très Haut avec la domination de l’Homme par l’Homme, des terres d’olivier coupées en deux par un mur de séparation, des frontières approximatives,  des contrôles aux faciès , la faim, la haine grondent dans toutes les nations ; dans ce monde terrestre, où l’eau coule à flot où la terre mère donne à ces hommes la profusion, le nécessaire  pour qu’ils vivent en harmonie en copropriétaires  léguant  à leurs descendants la bonne gestion du patrimoine  reçu ; nombreux ceux qui copieusement par leurs avidité du pouvoir avec l’aide de l’ange déchu ont massacré, détruit l’âme humaine, par vague successive, ils ont distillé le poison mortel de la haine, la méfiance de leurs frères humains. Est-ce nécessaire de rappeler leurs noms maudits, ils sont si nombreux. Et les Pierre, Paul, Jacques, les  Mohamed, les David, les Tang, et les autres se fourvoient en écoutant le sifflet du serpent piquant chacun eux, successivement sans distinction au gré de son humeur, de nombreux noms dans tous les pays émmergent ; ici, Jean-Marie, mais l’ange le trouve pas assez subtile, l’ange préfère l’odeur Marine et après demain, la froideur blonde du nom d’un bâton de Maréchal plus conforme pour son ambition. Se ralliant pour un temps aux barbes noires, ou aux colons en robes noires. Et les David, les Pierre, Paul, Jacques, les Mohamed, les Tang, et les autres ont déjà ce poison mortel en eux, la piqure est si douce que déjà ils se mordent entre eux.

                      La voie de Jean-Marie  OU de l’ange déchu

                                                 Hurle !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

                                    

ET À CE PROJET PERSONNE NE S’OPPOSE SAUF MOI


Mathilde

 

17 juin 2015 : écrire un texte compris entre les deux phrases en italique.

 

Ce qu’il voulait c’était anéantir la race humaine.

 

Il inventa donc la rentabilité, les échéances, le conformisme et le choléra. Il ajouta dans les coeurs une pincée de frustration, deux ou trois rêves brisés et saupoudra le tout de colère sourde mais grondante.

 

Il prit un peu de recul pour contempler son oeuvre, écouter les rumeurs montantes et les gémissements, guetter les premiers éclats.

 

Il se frotta les mains.

 

Puis il lui sembla que somme toute les pertes étaient mineures, la houle et l’ouragan semblaient s’apaiser, les déflagrations s’espacer.

 

Alors il se remit à la tâche et à force de constance et d’efforts soutenus eut une inspiration magistrale : il inventa la peur.

 

Il commença par la semer par petites touches, de façon insidieuse, la laissant germer seule et se ramifier, croître et embellir dans les esprits embrumés. Les résultats étaient encourageants.

 

Satisfait il contemplait l’avancée du poison et parfois, n’y tenant plus d’impatience, il s’offrait quelque mouvement de panique qui faisait des ravages spectaculaires. La peur paralysait les esprits et offrait à la haine le terreau fertile qui lui avait manqué jusqu’alors.

 

Un beau jour qu’il se repaissait de sa victoire en observant l’ascension vertigineuse d’un nouveau conflit, il crut percevoir des ondes d’espoir qui lui semblèrent bien dissonantes et lui gâchèrent son plaisir.

 

Le phénomène n’était pas isolé. Çà et là quelques humains avaient lâché les armes et il lui sembla qu’ils mettaient ailleurs leur énergie et leur besoin  de reconnaissance.

 

Quelques humains avaient pris de quoi écrire et formaient sans relâches des signes étranges sur le papier. D’autres y appliquaient des couleurs, esquissaient des lignes et des contours.

 

D’autres encore dansaient, chantaient ou déclamaient. Certains tiraient d’étranges instruments des mélodies qui lui serrèrent le coeur et le rendirent fou de rage. Il eut la très nette et très désagréable impression que cette poignée d’humains fabriquait du bonheur et le répandait alentour à l’humanité entière.

 

Résolu à tout pour mener à bien son entreprise de destruction, il décida de baptiser ces dangereux humains du nom d’artistes, et de tout faire pour leur compliquer l’existence.

 

Il les fit donc dangereux aux yeux des poltrons, paresseux aux yeux des avides, inutiles aux yeux des pragmatiques. Il décida de leur donner des coeurs fragiles et débordants, des peaux diaphanes, des yeux trop clairvoyants et des âmes désarmées. Il décida qu’ils seraient toujours mal dans leur monde et passeraient toute leur vie terrestre à en inventer un autre qu’ils n’habiteraient jamais. Il décida de leur faire payer par mille morts les vies innombrables qu’ils s’offraient en songe et distribuaient autour d’eux.

 

Il pensa qu’ils renonceraient quand ils auraient trop souffert.

 

Mais au bout de quelques siècles il dut se rendre à l’évidence : les artistes n’avaient pas le choix. Ils continuaient.

 

Et à ce projet, personne ne s’opposait.


Andrée

Ce qu’il voulait c’était anéantir la race humaine. Son amour pour ses créatures, sa bienveillance : une imposture. Ce qu’il avait très vite décidé, c’était annihiler la race humaine. Il avait bien trompé son monde. Il avait créé l’homme à son image, avait-il dit. Mais quelle image ? On ne l’avait jamais vu. On avait cru l’entendre parfois. Il avait feint l’abnégation, la générosité. Et on s’était laissé berner. Que ne ferait-on pas pour avoir l’illusion d’être aimé ? Il était intouchable, inattaquable. Mais c’était un excellent manipulateur et les hommes étaient d’excellentes marionnettes. Ils se détestaient, se jalousaient et lui se délectait de les voir s’entretuer. Il était sur de sa victoire. Cela prenait plus de temps qu’il n’avait pensé mais une destruction trop rapide l’aurait frustré. Toutefois quelque chose le taraudait. Il avait eu l’idée, qui s’avérait mauvaise, de donner une compagne à l’homme, une compagne soumise bien sur. Cependant il avait l’impression que les femmes avaient deviné son dessein. Elles ne rentraient pas dans le jeu cruel des hommes. Elles vivaient dans la solidarité, cherchaient la paix et l’épanouissement. Elles n’allaient quand même pas perpétuer la race humaine, une nouvelle race humaine. Ce qu’il voulait, lui, c’était l’anéantissement de cette race. Et à ce projet personne ne s’opposait sauf moi.

 

 

PROPOSITION TRANSCRITE PAR MATHILDE

Il s’agit d’écrire un texte qui commence par “En retard. Il est en retard”, comme la pièce. Ce texte est le monologue d’une femme qui attend un homme, qui peut être soit un amoureux soit un bourreau. A vous de choisir et d’adapter votre vocabulaire en fonction de ce choix. Ce monologue est une expression absolument vitale pour la femme, il se caractérise par différents types et niveaux de pensée. Vous devez aussi recourir à une figure de style… taa daaaaa… nouveau mot : aposiopèse !!! trop chouette non ? n’ayez pas peur ça veut juste dire que certaines phrases sont interrompues, sans fin… et enfin dernier élément : dans ce monologue intervient un paragraphe dans lequel la femme décrit l’homme qui marche, ce paragraphe revient plusieurs fois avec de légères différences, ces différences bien sûr faisant sens…


TEXTE DE MARIE

En retard.

En retard. Il est en retard.

Et moi j’attends.

Je l’attends.

Tour au jardin.

Oiseau tombé du nid tout petit tout sec tout raide.

Rien à faire pour l’oiseau.

Des pas dans la rue le long du mur comme un cœur qui bat… Lui ?

Déjà ?

Ça ne peut pas…

Une portière qui claque.

Non. Pas lui. Une voiture s’éloigne.

Cet oiseau là…

Oublier l’oiseau…

L’oublier ? Vraiment ?

Respire. Large. Profond. Marche. Plus loin. Arrête d’attendre. Respire… Il est là dans la rue. Il marche délicatement. Ses grands pieds épousent le moindre caillou sur le trottoir.

Scrupulos petit caillou en grec.

Il promène son regard bleu d’un bord à l’autre de la terrasse où je suis installée.

Il marche lente…ment…

Ses yeux lents au bord de ma table

Depuis quand ?

Je veux dire : depuis quand je le connais ?

Calme…

Lever les yeux…

Air…

De l’air…

Du vent…

Ce jour là aussi…

Du vent il y en avait qui faisait basculer les ombres.

Les arbres échevelés

En retard. Il est peut être mort à présent.

Non il va venir.

Je le sens dans mes os…

Léger retard sur la ligne A.

Il ne s’excuse pas.

Il n’a pas besoin d’excuse.

Jamais.

Et je n’en attends pas non plus d’ailleurs.

Me faire sentir que je suis sa chose, sa petite chose.

À chaque nouveau rendez-vous une attente plus longue.

Il n’y a plus de rendez-vous à présent.

Je l’attends c’est tout.

Il est en retard c’est tout.

Il arrive très calme…

Comme ce jour là sur la terrasse qu’il épousait de ses grands pieds attentifs et délicats. Il m’a parlé de sa voix très lente et très distincte : « Souhaitez-vous vraiment ? »

Je ne souhaite rien vraiment.

Cruauté de l’attente.

De l’attente sans fin.

Dehors calme.

Dedans tendue.

Être l’attente même. Un morceau de temps arrêté. Découpé dans l’espace temps.

À la merci de l’instant.

À la merci de son arrivée douce et délicate.

Et brutale et définitive.

Ou tendre et cruelle.

Et …

On sonne…

Il est là.

Déjà !


Duo et duel                                        UNE APOSIOPESE                            MARIE-CHRISTINE

                                              En retard

IL EST EN RETARD

IL est beau, ces yeux bleus OH je craque sa peau dorée    sa voix douce et ferme rassure

Je ne crois pas, je suis avec lui

Il est où                     il va venir

Pas de message       il va me tuer

6 mois     cela fait 6 mois peut être que

Il va finir ou                ne pas      venir

De toute façon s’il doit           je dois accepter est-ce que j’ai le choix

Ou il veut fêter nos

Ma vielle si c’est ça

Et si Jeanne avait raison

Je déteste d’être dans l’incertitude             il le sait       quels jours il a son

Il est tellement patient          et moi pas

Ecourter la réunion pour

Une demie heure  que

Je    il              quoi    jamais

Jamais je me suis comportée       ce n’est pas avec lui    NON

Pourtant

Il est si beau je craque          6 mois je ne crois pas

Lui téléphoner            non                 il va

J’ai chaud je peux même pas enlever ce pull

J’ai le temps d’acheter des cigarettes           avant qu’il

Et s’il vient                     il va me tuer

Surtout pas s’attacher          trop tard    il va me tuer se mec

Après     après

Pas encore

Pas maintenant

Avec les autres, dès le début je le savais

Pas lui il est trop

Jamais lui dire      je              l’aime         je             peux

Pas

J’ai peur s’il vient pour               et cette phrase en boucle dans ma tête (ai confiance en toi et en nous)

Le croire                    tout de même 6 mois presque 7

Il vient         il ne vient pas

Arrêter quitter continuer profiter

Je fais quoi

Le croire

Le téléphone sonne,  Jeanne, je ne répons pas, Elle a tort, je ne répons pas

Même si                   on peut m’aimer

Pour un temps

Il est beau ses yeux bleus je craque sa peau sa voix rassurante  il va venir décontracté  sur de lui arborer un sourire insolent                             ne pas montrer   ma     non    non    un SMS  il peut faire un SMS   NON

En retard

Il est en retard

Et

Alors

Hier comme aujourd’hui ma différence ne le gêne pas il est je           aime

Là       je suis là      à

Il rit de mes 1 m 58 et lui avec ses 1 m 80

Il joue de sa séduction  je joue avec ma différence         bon sang     4 h 30

Il est libre   mais moi là    LA     je suis enchainée     où j’ai mis la clé   ORR dans l’autre sac

Je roule     et lui il roule des mécaniques

Il a         le toupet de  OH OH

Pas de panique il a surement

Le serrer dans mes       B             R         A         S

ARRIVE       3 H  3O                   je vais le tuer

Où sont  mes lunettes

Tiens toi prête

Il a dit

Je suis prête

Prête à partir oui

S’il était là    je je

OH oui si

Je dois être            positif            P     O     S   I    T   I      F

IL EST si craquent sa voix si douce ses yeux si bleus, dans ce parc nous étions si bien, si différents mais bien  sous sa chemise sa peau bronzée d’un voyage en Espagne et moi si blanche blanche de peur, peur qu’il me rejette

 

Ce retard

Il n’est pas si en retard

NON      NON

Attendre toujours attendre j’ai mal au dos

Un mal pour un bien quelle connerie cette expression

Une douche bien froide       j’ai envie    j’ai chaud   je tremble

Lui et moi

Moi et lui

Je veux un mot pour apaiser mes maux

 

 

Je ne peux lui dire                   s’attendre à

 

En retard          il est en retard

Il tarde à venir

Non oui               oui non      viens      viens    pas

 

Et

 

Ces paroles en boucle dans ma tête

 

NOUS

FAIRE

CONFIANCE

 

 

 

 

Il est à tuer


 

 


 

PROPOSITION TRANSCRITE PAR MATHILDE

Il s’agit aujourd’hui de se glisser dans la peau d’un auteur se préparant à écrire un roman d’amour, le récit d’une liaison amoureuse… mais laissez au vestiaire vos petits cœurs tendres, il s’agit d’un auteur cruel !  grrrr !!!

Le postulat de départ est donc que les êtres humains sont cruels, et la forme d’écriture sera sans doute familière à certains puisqu’il s’agit de rédiger 99 notes préparatoires à l’élaboration de ce  cruel roman.

Mettez en mots votre rumination intérieure, avec la forme que vous souhaitez (phrases ou pas). Ici préparatoire rime avec laboratoire… ces notes “peuvent préparer à quelque chose qui n’est pas, ne sera pas, n’a jamais été”.

 Il s’agit en résumé de balayer le champ de l’histoire d’amour par ces notes, comme le dit François Bon notre grand maître à tous “rester en amont [du projet de livre], décrire le livre mais résister à s’y jeter”.


« 99 NOTES PREPARATOIRES POUR HISTOIRE AMOUR »

 Marie Christine Theveny

1°-Devant la porte fenêtre. 2°-Regarder le jardin, respirer l’odeur du printemps. 3° -Mettre un CD de préférence  classique. 4°- S’installer devant le bureau. 5°- Voir si le paquet de cigarettes est sur le bureau. 6°- Poser la bouteille d’eau à droite du bureau. 7°- Prendre le cahier, relire les notes. 8°- Rectifier l’idée de base .9 °- Recommencer la trame. 10°- Ecrire une liaison  amoureuse, sulfureuse ou cruelle. 11°- Ou bien mettre un peu de fiction un brin de fantastique. 12°- Une histoire courte, une nouvelle. 13°- Chercher dans l’album des souvenir. 14°- Faire le vide en soi. 15°- Laisser les émotions remonter. 16°- Lâcher prise.17°- Trouver les prénoms des personnages. 18°- Leur cadre de vie. 19°- Trouver une écriture ramassée. 20°- Un début d’histoire improbable entre une femme qui se voit comme une peinture de Picasso. 21°- L’homme brocanteur. 22°- Ou autre à trouver l’oiseau rare. 23°- Fatiguer, revenir à la poésie. 24°- Odeur mandarine, peau mandarine. 25°- Et si le personnage a une peau mandarine, idée  originale ! 26°- Titre  femme mandarine. 27°- Que l’on épluche, que l’on touche, qui se flétrit. 28°- Ou contact de l’homme aimé,  sa peau est qu’agrumes.  29°- Donc une femme que l’on épluche. 30°- Idée à creuser ou à presser. 31°- Sa peau perle, se transforme. 32°- Sueur sucrée. 33°- Délicatement enlevé son écorce.  34°- Décrire la transformation. 35°- Pourquoi la femme mandarine ? 36°- Rester dans la réalité avec du fantastique. Dilemme !! 37°- Décrire le duel cruel de ce duo. 38°- Histoire à consommer par tranche, ou par quartier. 39°- La faim me tenaille, tout s’explique.  40°- Plus se poser de questions. 41°- Avancer. 42°- Oui. 43°- Mais !!! 44° ou 45° et 46°- Donc l’idée d’une liaison amoureuse ? Peut-être dans le fait de gouter un fruit que l’on connait, pas (à développe). 47°- Or mes personnages ne sont pas encore mures, façon de parler. 48°- Ni moi ni eux ne sont prêts à donner leurs jus. 49°- Car, pourquoi cette conjonction ? Besoin d’une pose. 50°- L’homme aimait une femme différente  est-ce bien vus ? !! 51°- Elle doute, elle  s’étonne. 52°- Elle a peur, elle doute, elle redoute, malgré tout elle plonge en apnée. 53°- Elle suffoque de bonheur. 54°- Sans illusion, elle laisse  cette houle, cette déferlante la submerger. 55°- Sur ce grain de peau dorée, elle s’allonge comme on s’allonge sur le sable chaud au plus haut  du zénith. 56°- Elle oublie le crépuscule à venir.  57°- Elle a été tellement abandonnée. Quelle s’étonne toujours qu’un homme sans défaut physique  peut être avec elle. 58°- Elle craint que l’on se moque de lui. 59°- Lui dit qu’elle n’est pas jalouse mais elle crève de jalousie. 60°- Elle a moins fréquenté d’homme qu’une autre femme mais des hommes valides. 61°- Elle ne voulait pas  voir son reflet dans un homme qui lui ressemblait. 62°- Elle est jeune et volontaire. 63°- Elle ne baisse jamais  les bras, elle fonce. 64°- Elle vit le jour présent avec avidité. 65°- Elle conjugue sa vie avec le futur. 66°- Elle croit que le futur sera meilleur pour elle ; illusion ou réalité ?  67°- Pour l’heure, elle est enfin amoureuse, elle lutte pour le garder le plus longtemps possible. 68°- Elle engrange avec lui, elle engrange dans son ventre et dans son cœur les jours, les mois peut-être plus. 69°- Elle lui demande de ne jamais lui mentir. 70°- Elle ne peut rien revendiquer, elle croit qu’elle n’a pas les moyens, elle se trompe. 71°- Elle lui ment, qu’il est libre, que sa vie n’ait pas attaché à elle. 72°- Il n’a pas de préjugé, non conformiste. 73°- Elle, si finalement. 74°- il est Corse. 75°- Elle est Tourangelle. 76°- Il part souvent en  en Corse. 77°- Elle attend. 78°- A son retour leurs  étreintes sont plus intenses. 79°- Couple libre, bien obligé. 80°- De son séjour de Corse, il lui apporte des paniers de mandarines. 81°- ces mandarines sont coupées en quartier, manger, boire à en être écœuré. 82°- Elle écrit des poésies, il est peintre, il l’appelle ma petite mandarine. 83°- Elle lui demande d’illustrer son prochain livre de nouvelle fantastique. 84°- lui demande le contenu, le titre. 85°- Elle hésite encore. 86°- Elle veut une histoire d’amour impossible extraordinaire, une métamorphose d’une femme. 87°- Il part en Corse, il peint pour elle. 88°- Elle écrie pour combler le vide en elle. 89°- Son absence lui pèse. 90°- Son ombre, son odeur plane dans toutes les pièces. 91°- Elle rie. 92°- Elle pleure. 93°- Elle se sent comme une façade sans relief. 94°- Elle déteste le mot fin, fin d’une histoire, une fin d’un livre. 95° Il l’a demandé en mariage. 96°- Elle a refusé. 97°- Il lui a dit nulle autre que moi ne te le demandera. 98°- Cela s’est révélé vrai. 99°- Début de  la nouvelle.   «  LA FEMME A LA PEAU MANDARINE ».


 

Amour par cœur

 Marie

1 un lit dévasté et odorant

2 un téléphone noir comme un central téléphonique désaffecté qui ne sonne jamais

3 des soupirs inouïs

4 une fille qui se déshabille

5 un café triste

6 des cafés ingurgités rapidement

7 un balai en crin de chien pour la danse du balai

8 une chambre ordinaire où il fait beau

9 une chambre d’hôtel où le vent marin fait flotter des rideaux

10 un grand ciel, des bateaux qui font ding ding ding

11 un chien qui se secoue qui aboie et qui mord

12 les premiers reproches

13 une tonnelle pimpante et parfumée

14 des murmures légers et des regards chargés

15 des larmes des plaintes des gémissements des bruits de chaînes

16 un poème de Prévert

« J’ai acheté de lourdes chaînes pour toi mon amour « 

17 des enfants joufflus qui jouent à courte paille

18 un enfant morveux qui bâille

19 un grand feu de la Saint Jean

20 de la moquerie en douce des ricanements en sourdine des gloussements devant

21 une fille sidérée

22 un homme qui pleure dans son potage

23 une main qui fait un geste d’adieu

24 un babil d’oiseaux sur la branche

25 des arrêts du cœur

26 être hantée par cet être là

27 des palpitations

28 un nom répété

29 flash d’ébats amoureux

30 un couteau planté dans le parquet de l’entrée

31 no pasaran

32 passe passe passera la dernière la dernière passe passe passera la dernière restera

33 des dents qui s’entrechoquent dans un baiser

34 des corps qui se suivent et se respirent des chiens qui se reniflent

35 un air de java un rythme de cavalcade

36  » il a dévalé la colline  » Pourvu qu’ils nous laissent le temps

37 une moto qui pétarade à petit cylindre

38 les cuisses dehors les yeux aussi et les mains dedans au chaud

39 faire la cuisine à minuit en gazouillant

40 odeur de graillon de viande de bagarre

41 du sang de la colère des jurons des insultes des coups de dents de griffes

42 réconciliation

43 dadouronronron

44 malentendus noirs

45 cris de désespoir

46 t’en vas pas / départ

47 reste encore un peu

48 un tout petit peu

49 la porte se ferme

50 qui a éteint la lumière ?

51 cœur décroché souffre suspendu

52 retour de Pan

53 tout est vivant joyeux frais vif léger coloré rayonnant pulpeux appétissant nourrissant passionnant énervant exaspérant irritant i comprend donc rien inutile insuffisant instinctif indestructible et  » fragile comme un papillon de mai « 

54 je t’aime je te hais pourvu que ça dure pourvu que ça s’arrête

55 mais ça finira donc jamais

56 il ment

57 elle le méprise

58 il est faux

59 elle a faux

60 elle est fosse

61 elle comme la lune

62 il comme une bite

63 elle hurle à la lune

64 il tremble comme un faon

65 il peine elle reine

66 revoir le grand soleil

67 se bousculer comme des gosses

68 marcher à grand pas serrés l’un contre l’autre

69 tu sais même pas ce que c’est l’amour

70 prouve le que tu m’aimes

71 dis le moi tous les jours à chaque minute que je respire

72 je m’endors dans tes bras

73 tu t’endors dans mes bras

74 nous nous endormons assis enlacés serrés nez à nez bouche à bouche

75 horizon démonté du lit blanc

76 tes yeux blancs de statue

77  » ta voix douce et câline « 

78 je ne comprends pas tout ce que tu dis

79 vous n’écoutez rien

80 mais où avais-je la tête ?

81 mettre des cailloux blancs dans tes poches

82 t’observer à la dérobée

83 rire à tout bout de chant

84 roucouler des vocalises qui font saigner la gorge et les oreilles

85 se laisser regarder dans la glace

86 s’entrelaver

87 être affamé assoiffé altéré

88 penser dans la vague et t’entrapercevoir

89 écouter battre ton cœur l’entendre rouler

90 rêver que tu es là tout près rêver que tu me pinces

91 des oiseaux qui se chamaillent dans les buissons

92 une sacrée volée

93 un envol sacré

94  » une âme envolée

95 vers d’autres cieux

96 vers d’autres amours « 

97 on dirait bien que ça fraîchît

98 le vent est tombé pourtant

99 à demain ?


 

 

 Emmanuelle

La cruauté humaine, c’est l’inéluctable de la vie.

Elle cherche cherche l’amour l’absolu.

Elle revêt un chapeau gris et un Loden bleu pour mettre en évidence sa particularité.

Elle croise celui qui pourrait la comprendre ; elle lui dit sa solitude.

Elle ne tombe pas amoureuse, mais elle apprécie sa compagnie.

Il l’invite à partager un plateau de fruits de mer avec ses copains.

Elle ne le trouve pas beau, mais elle aime être avec lui.

Elle sait qu’elle ne l’aime pas, mais elle se sont aimée.

Ils partagent leurs vies, leurs amis, leurs familles.

Elle a l’insouciance d’une étudiante, lui, celle d’un gigolo.

Il travaille quand même six mois, mais ça ne vaut pas sa passion pour le bridge.

Elle lui propose d’en faire un métier.

Un jour professeur, un jour compétiteur, un jour arbitre.

Et tous les jours un peu plus de whisky.

Elle ne voit pas : ni son inconstance, ni que la boisson devient une addiction.

Elle reste, pourtant elle sait qu’il ne faut pas faire durer cette histoire.

Elle part. Elle oublie. Pas lui.

Une nouvelle ville, un homme dans un bar.

L’amour existe-t-il ?

Un inconnu a frappé à la porte de son bureau. Jeune, séduisant, artiste.

Ils se revoient. Quelque chose de fort se passe.

Elle apprend qu’il a déjà un projet de mariage.

Elle lit un livre d’Alexandre Jardin sur une passion mortelle.

Elle se persuade qu’il vaut mieux ne pas aimer.

Un concert de Barbara en plein air. Dernier rappel : « ma plus belle histoire d’amour c’est vous ». La phrase s’écrit au laser rouge sur le fond noir. Elle vibre.

La radio annonce la mort de Barbara. Trahison.

Et lui répond toujours fidèlement à toutes ses questions existentielles. Lui, il voue sa vie à Dieu.

Elle est vieille et toute ridée, assise dans un fauteuil. Elle essaie de se souvenir.

Elle a le sourire de ceux qui savent que l’amour n’existe pas.

Un homme face au vent sur une plage normande, les bras écartés. Il s’exclame : « l’amour existe, je l’ai rencontré ! »

Une vague l’emporte.


 

 

 

 

 

 

 

Andrée

Une grande chambre. Un parquet aux lames étroites. Au milieu, un grand lit adossé au mur, des montants en bois, un matelas en laine, une couverture rouge qu’on devine si lourde que le baigneur serait écrasé. Quand on rentre dans la pièce, sur la gauche, le long du mur, une belle armoire, en bois, haute, large, à deux battants. On sent passer sur elle la main du grand père qui l’a fabriqué. On peut y mettre des vêtements, beaucoup, des valises, des oreillers, des chapeaux, des sacs. Quelqu’un peut-être s’y est caché, debout, assis, à l’écoute.

A droite de la porte, près du lit, une table de nuit, en bois, avec un casier qui contiendrait pêle-mêle des livres, des trésors, des mouchoirs pour le chagrin. Sur le dessus en marbre, une lampe de chevet.

La lumière du plafond est si crue.

En face du lit, sur le rebord de la cheminée, un grand miroir, on peut s’y voir en pied, avec un encadrement doré finement travaillé. Il reflète le papier peint fleuri du mur en face. Au-dessus, un crucifix veille ou surveille.

A droite de la cheminée, collée au mur, une armoire basse, d’un bois plus foncé que l’autre, avec des tiroirs sur toute sa largeur. Deux poignées par tiroir. On les imagine lourds à tirer. Dedans, des draps, des rideaux, des nappes, des serviettes aux initiales brodées : alliance entre des hommes et des femmes. Sur le plateau du meuble un globe en verre abrite des fleurs artificielles. Au milieu des fleurs, comme posée par inadvertance une photo d’identité, celle d’un jeune homme. Photo enfermée dans cette grande chambre du premier étage de la maison. A droite de ce meuble, au milieu du mur, la fenêtre ouvre sur la place.

Pas de radiateur. Chambre froide.


Marie-Christine

J’ouvre la fenêtre de ma mémoire, les rideaux s’ouvrent

La fenêtre est fermée, une petite fille l’ouvre, elle marche difficilement, son lit de baldaquin en bois est si haut, elle écarte le voile blanc, bouge l’édredon rouge pour jouer avec ses ours, son ours préféré a plus qu’un œil, sa patte droite a été recousue par sa mère, recousue comme elle

Derrière le lit le coffre à jouet déborde, Pimprenelle et Nicolas, une poupée Barbie à moitié dévêtue, des décalcomanies qu’elle se collait un peu partout, à terre des livres de la « bibliothèque rose », prés de son minuscule fauteuil encore des livres de Perrault, elle adore lire, elle l’aime leurs odeurs, l’odeur d’une autre vie ; dans la chambre pas de  tapis, elle risque de tomber

A gauche du mur, une petite coiffeuse, devant une toute petite chaise ; sur la coiffeuse s’accumule  des flacons, des restes de crème que sa mère lui donne, un miroir si petit qu’elle se voit à peine dedans, elle trouve que son visage se déforme quand elle parle, elle se raconte des histoires faute de jouer avec sa sœur dans le jardin ; avec l’histoire de blanche neige, elle espère qu’un beau matin elle va se réveiller métamorphosée.

Le parquet de la chambre craque, la nuit elle a peur, sa sœur dort  dans l’autre chambre et si elle pouvait la rejoindre.

A travers les vitres, l’encre noire de la nuit lui dit de prendre son encre pour écrire à la lune pour qu’un vaisseau spatial l’emporte.


 

 Chantal

SILENCE

(DESCRIPTION D’UNE CHAMBRE DE L’ENFANCE PAR UN REGARD EXTERIEUR)

Une chambre à deux lits.

La mère y tenait.

Un lit pour chaque fille.

Une séparation entre les lits.

Un vide plein de crocodiles et de monstres marins. Ne pas y mettre les jambes.

Rester allongée sur le lit avec l’édredon jaune en plume pour couvrir son corps.

Une table de nuit. Une seule. Deux verres teintés posés dessus.

Deux petits bureaux avec trois tiroirs sur le côté. Entre les bureaux, une petite armoire commune prolongée par une commode à trois tiroirs.

On pouvait fermer la porte de l’armoire à clé et enfermer les cahiers secrets au pied de la seule robe présente. Robe perdue derrière deux pantalons et deux chemisiers.

Une robe pour deux.

Elle d’abord et ensuite, la plus jeune la porterait.

La lumière du plafond éclairait la chambre les soirs d’automne.

Thierry Lafronde inondait la pièce de son sourire bienveillant et jetait un regard au capitaine Troye qui lui faisait face.

Une poupée rousse, habillée d’une robe marron à encolure blanche était assise sur la commode. Quelquefois, elle rejoignait le lit pour se blottir contre un corps chaud.

Une aimait lire tard le soir.

L’autre voulait dormir, se retournait dans son lit et grognait.

Au risque d’un incendie, un tee-shirt entourait la lampe et atténuait la lumière.

Les chansons à la mode sortait d’un tourne disque récupéré à d’autres, plus vieux, partis. Le tourne disque tournait trop, trop souvent, pas toujours au goût des deux.

Des rengaines, tous les soirs les mêmes.

Mais aussi,

 des glissades sur le parquet,

Des imitations des french cancan

Des rires

Des chuchotements dans le noir de la nuit.

L’été, quand les fenêtres étaient ouvertes, des airs d’accordéon accompagnaient,

 les devoirs,

 les jeux,

 les rires.

L’accordéon grinçait,

 se reprenait mille fois sur les mêmes airs,

 inlassablement,

 année après année.


Marie

Deux

 La porte ouvre vers l’intérieur de la pièce, un peu basse de plafond et occupée par un vaste lit en cuivre bien astiqué et flanqué de deux tables de nuit côté mur, et côté fenêtre, une large baie vitrée plutôt, par deux bureaux disposés en face à face. Une seconde porte, un peu mystérieuse, est fermée sur le mur en face. La pièce, en rez de chaussée donne directement sur la rue et c’est comme si la ville entrait toute entière dans la chambre avec ses bruits de voitures et de mobylettes, sa poussière et ses rares passants. 

Un rideau transparent offre une fragile protection contre l’extérieur le jour, tandis que la nuit, le large volet roulant se faisant barrière isolante, la pièce pourrait presque devenir une boîte magique.

Une chaise derrière chaque bureau et une étagère fermée par un rideau de cotonnade à petits motifs rouges sur fond bleu derrière chaque bureau respectif achèvent l’aménagement.

Entre l’espace du lit et celui des bureaux, une sorte d’allée traversière qui permet le passage des occupants de la pièce attenante, les parents des enfants.

Une chambre qui tient un peu du couloir ou de la rue en somme, un espace susceptible d’être traversé en permanence par des grands, des adultes, des autres, des étrangers, des ombres.

Le lieu de l’intime ce serait donc le lit, même si l’intimité partagée n’en n’est plus vraiment une… Le lit c’est aussi le point intense de la pièce marqué par la présence de l’envahissant et moelleux édredon rouge sang qui lâche, de temps en temps, de petites plumes blanches, un duvet d’oie luxueux. 

Allongé dans l’édredon, le nez en l’air, là, franchement, on est bien. Or cuivré et rouge plume dans la lumière chaude de cet après midi d’été finissant. 

Il y a un plafonnier à fausses bougies, on dit bobèches je crois, ou à fausse roue de ferme ou à faux quelque chose et quand on l’allume on a envie de pleurer.

J’ai éteint puis allumé la petite lampe posée sur la table de chevet à mon côté. Dans la lumière ronde très douce j’ai vu les anges musiciens. Enfermés dans leur cadre de bois doré, ils faisaient résonner leur discrète musique de chaque côté du lit.

En me levant, j’ai découvert la descente de lit à motifs noirs sur fond rouge, posée sur le carrelage à larges carreaux qui recouvre le sol. Je n’ai pas vérifié si de l’autre côté il y avait aussi une descente de lit. Il y en a une.

Tout va par deux. Identiques, comme les enfants sans doute. Tout n’est pas exactement pareil au sens où tout est dépareillé, mais il y a autant de choses pour l’un que pour l’autre.

Rien qui marque une personnalité. Je ne vois pas de bibliothèque, pas de filet à papillons, pas d’affiche, pas de ballon, pas de patin, pas de jeu, pas de cahier, pas de livre, pas de cartable, pas de signe d’activité, pas de superflu. Juste le nécessaire, le strict nécessaire. 

Tout est ailleurs sans doute. Il n’y a pas d’armoire et pas d’habits sur les chaises. Il n’y a pas de chaussures. Il n’y a pas de porte-manteau. Il n’y a rien pour accrocher ses rêves. C’est un lieu pour dormir, travailler et dormir. C’est un dortoir à deux. C’est une chambrée à deux.

Il n’y a rien sous le lit non plus. J’ai vérifié. Juste des moutons noirs et sous la descente de lit, un petit tas de balayures et de poussières poussées là furtivement et à quatre mains peut être, fait une petite bosse.

 

 

 

 

 

 

J’anime des ateliers d’écriture depuis 10 ans à l’E2C. Je ne sais jamais trop comment en rendre compte. Parfois ils consacrent du temps pour retaper les textes les leurs et ceux des autres sans distinction et puis ils me les envoient par mail. Mais à la dernière session j’ai pu compter sur l’aide indéfectible d’un garçon nommé Ibrahima qu’il en soit ici sur l’internet mondial profondément remercié. J’ai fait une sélection pour faire comme une histoire. Ce sont des bons gros morceaux choisis par moi. Ils n’auraient sans doute pas fait comme ça.

http://www.e2c-tours.org/


Parler du trajet que dire ?
Le 25 Juin 2014, j’ai décidé d’intégrer l’Ecole de la Deuxième Chance Toutes les formations, que j’ai faite J’ai fini par les abandonner Pour diverses raisons Toutes les autres formations, que j’ai faite Il y’avait toujours quelque chose qui clochait Tous les autres stagiaires s’en sortaient plutôt bien Moi, j’avais toujours deux ou trois longueurs de retard Tous les autres stagiaires s’en sortaient plutôt bien Ils étaient félicités et encouragés Tout ce que je recevais c’était réprimandes et sanctions Et, au bout d’un moment, à chaque fois, je finissais par abandonner Et, au bout d’un moment, à chaque fois, je finissais par abandonner Mais depuis que je suis rentré à l’E2C, j’ai tiré un trait sur ce passé de déboires professionnels Maintenant je veux avancer positivement vers l’avenir Je rêve d’un futur sans souci.

J’ouvre la porte de chez moi, il y a des maisons, de la pelouse, un parking et les lampadaires sont éteints. J’avance sur la route et je vois de la lumières dans les maisons, des gens passent sur le pont mais ils vont pas dans la même direction que moi. Je continue mon chemin et j’arrive sur le parking du Intermarché, il y a des voitures de différentes couleurs et devant la boulangerie des gens attendent pour partir à leur travail. J’arrive sur un autre pont je vois la gare et je regarde si il y a des bus pour partir à Tours mais non il n’est pas encore là. Je continue mon chemin pour aller à la gare je vois des bancs, des poubelles, et des gens bizarres. J’arrive à la gare il y a un endroit où il y a des vélos, plusieurs voitures, il y a des gens qui attendent le bus devant l’arrêt de bus. Ils font comme moi, ils attendent le bus. Le bus arrive j’attends que les gens devant montent, ils se bousculent pour monter dans le bus. Je monte dans le bus, je dis bonjour au chauffeur et je passe ma carte elle bip ; y a une petite lumière verte qui s’allume, c’est bon ma carte est passée. Je regarde s’il y a une place libre, c’est bon. J’avance dans le bus je regarde les gens qu’il y a, je me mets à mon fauteuil. Je me dis putain c’est quand que le bus part, je regarde par la fenêtre.
Les gens qui y’a devant l’arrêt de bus, ils ont une sale gueule, le bus part, je joue avec mon téléphone et j’envoie des sms. On prend la route, je regarde la route je regarde l’Intermarché, sur le rond-point il y a des arbres. Il y a aussi une station essence à côté du rond-point. On sort du rond-point, on continue sur la route il y a des petits parkings sur le bord de la route mais il y a pas de voitures plus loin il y a une station essence. On continue on passe devant un marchand de voitures d’occasions, il y a aussi une entreprise ou on peut louer des plateaux et a côté il y a un petit restaurant routier et également un endroit où il y a pleins de vieilles voitures. On descend une côte et on arrive dans le bourg d’un petit lieu-dit. Il y a un bar, une usine de charcuterie et deux routes une à droite, et l’autre à gauche et on continue la route on monte une côte et on continue la route. Des tracteurs, un magasin, des voitures d’occasions, ça me fait chier d’être dans le bus mais bon il faut bien le prendre. On arrive, je me dis putain, on va mettre 3h pour traverser cette ville, on arrête au premier arrêt de bus, en plus à côté il y a le feu, un feu rouge donc ça fait chier, il y a des écoles maternelles. On voit personne, on arrive à l’autre arrêt il y a plein de monde, ils mettent 13 ans à monter, je regarde les gens qui montent ça me saoule, j’ai envie qu’il les laisse là, et que l’on continue à avancer. Il y a encore des feux, on se prend tous les feux. Ça me fait chier, je regarde l’heure sur mon téléphone. Un petit bouchon pour aller jusqu’au rond-point, toujours la route qui me saoule, on arrive au péage. On arrive sur l’autoroute c’est bien ça roule mieux on arrive sur Tours centre il y a beaucoup de voitures et des feux encore des feux, les gens se préparent à descendre du bus. Ils sont tous prêts. On dirait des animaux qui se préparent à faire leur promenade. Je vois des gens bizarres, je passe devant la gare, j’arrive à l’arrêt de bus, je dis bonjour à Laureline.

8h à 9h – 9h à 10h-10h à 11h-11h à 12h
Je mets ma blouse de travail. Je mets le petit déjeuner sur la table. Je sers le café/lait/thé aux résidents. Je débarrasse les tables. Je nettoie la salle à manger. Je change les nappes des tables. Je vais dans la lingerie pour trier les vêtements des résidents. Je remonte les vêtements propres aux résidents. Je vérifie les équipements des chambres. Je nettoie certaines chambres des résidents. J’aide les résidents à faire le planning des repas pour la semaine suivante. Je discute de tout et de rien avec les résidents. Je mets la table. Je sers à manger aux résidents. Je débarrasse les tables. Je nettoie la salle à manger ainsi que la cuisine après le service.

Je ne veux pas y retourner j’en ai marre j’ai besoin de faire une pause laissez-moi tranquille j’en ai marre je suis fatiguée laissez-moi tranquille je voudrais me reposer je suis fatiguée je fais ce que je veux je voudrais me reposer je prends ma vie en main je fais ce que je veux j’ai besoin d’être seule je prends ma vie en main c’est moi qui décide j’ai besoin d’être seule pendant un petit moment de mon existence, je ne vais rien faire c’est moi qui décide et vous me faites tous chier c’est bien compris ?! Pendant un petit moment de mon existence, je vais rien faire je vais boire, fumer, dormir et oublier le monde qui m’entoure et vous me faites tous chier c’est bien compris ?! bon il faut que je me calme, si je fais un break c’est pour me reposer je vais boire, fumer, dormir et oublier le monde qui m’entoure ah la vache qu’est-ce que c’est bon bon il faut que je me calme, si je fais un break c’est pour me reposer ça y est c’est fini direction mon lit !

C’était en juillet il faisait chaud. J’étais stressé à l’idée de reprendre une formation. L’information collective commença à 14 heures. Elle se termina à 15 h 30. J’étais stressé à l’idée de reprendre une formation. Tout à coup, il se mit à pleuvoir. Elle se termina à 15 h 30. Serais-je capable d’intégrer la formation? Tout à coup il se mit à pleuvoir. Les nuages pleuraient, il y avait du vent. Serais-je capable d’intégrer la formation? J’aurais la réponse quelques jours après l’entretien individuel. Les nuages pleuraient, il y avait du vent. Crusty le clown vendait des tickets pour son spectacle. J’aurais la réponse quelques jours après l’entretien individuel. Et puis si ça ne marche pas je pourrais toujours devenir l’assistant de Crusty.

Seul nous le sommes tous
Tous nous le sommes seulement
Brule nos yeux devant l’infâme
Nos mains ayant perdu la vie
Pleurs les cendres de nos actes soumis
Ayant la force de crier amour en unissions de âmes
Née de mère nature et de père soleil
Je suis humaine avant d’être citoyenne
Je suis née dans les montagnes d’Algérie Tout le temps je mets un pied dans mon quartier et je me fais contrôler c’est vrai Quand je les vois je baisse ma tête c’est vrai Je suis révoltée.

Je dis NON au racisme, je dis NON aux conneries, je dis NON à la discrimination, je dis NON aux extrémistes, je dis NON aux terrorismes, je dis NON à la barbarie. Je dis NON au racisme qui nous divise, au jugement hâtif. Je dis NON au terrorisme et à tous ceux qui veulent nous diviser sortons de l’amalgamasse, de ce marasme qui pèse sur chacun, rassemblons-nous face au extrémiste. Et chacun de nous dira NON et nous dirons NON et dites NON.

La proposition d’hier s’inspire de Platonov, vous vous en doutez. Cette pièce a été écrite par Tchekov alors qu’il n’avait que 18 ans… c’est donc l’âge que vous devrez avoir dans votre tête en écrivant ! mais si, c’est  pas si loin !

Il s’agit de décrire les agissements d’un Platonov d’aujourd’hui, c’est à dire d’un personnage, à qui vous donnerez un nom, qui sera sans réelle volonté, sans intention, mais attirera à lui tous ceux qui le croisent, hommes et femmes confondus. Ce jeune homme fascine son entourage alors que lui-même se dégoûte et s’auto-détruit. Il s’agit de décrire les actions de ce personnage, ce “centre vide”, sans le juger, à la troisième personne. Vous pouvez enchaîner les événements sans forcément suivre l’ordre chronologique.

Mathilde


Chantal

LE P’TIT JULOT

Il a réussi à se faire virer de l’école alors qu’il était le premier de sa classe, tu le crois ça ?

Tu m’étonnes ! Il peut pas faire deux phrases sans se moquer du monde.

Pourtant, rien que de le voir dans la rue, ça me retourne l’estomac. Quelle allure. Beau mec, beau parleur et un regard …

L’autre fois, il m’a proposé de prendre un verre.

Je voulais fuir.

Je sais qu’il est attirant, blagueur, une répartie à vous couper le souffle, mais je veux pas tomber dans le piège.

Bien sûr, j’y ai été mais je me suis dit : « attention au chant des sirènes ».

Eh bien imagine toi, il m’a fait des confidences, sur les filles, sur son enfance, sur ses conneries de gamin. Ca marche toujours les conneries de gamin avec les filles.

En ce moment, il est avec quatre filles qui sont raides dingues de lui. Il ne comprend pas ce qu’elles lui trouvent. Il peut pas s’en empêcher. Il craque.

Il les aime toutes.

J’ai fait la blasée !

« – mais comment tu t’organises ? ».

Il s’organise. Il veut pas leur faire de peine, alors il jongle. Il ment un peu, peut-être même encore plus.

Le pire, c’est que je crois pas que c’est du bluff de dragueur. On a bu un coup, puis deux , il m’a parlé comme à un pote, ses cheveux légèrement ondulés sur son grand front, ses yeux dans le vague.

Puis il a repris son air triste.

Ca l’emmerde  d’avoir été viré de l’école, il faut qu’il rembourse.

Il a déconné qu’il dit.

Puis il est retourné à sa voiture bourré. Il s’est retourné vers moi et m’a dit en rigolant « t’inquiète, elle connait le chemin. »

L’autre fois, il est même passé à la télé pour une émission de télé réalité (tu parles, avec sa belle gueule !). Tu vas pas me croire, il a été arrêté en état d’ivresse et les flics l’ont pas emmerdé parce qu’ils l’ont reconnu, il lui ont demandé un autographe !

Il déambule sans but.

Il a des potes qui le tirent vers le bas.

Avec son humour, il m’a dit : « t’inquiète, je vais me reconvertir dans la cuisine, ça marche en ce moment, je ferais du poisson, tiens, de la morue, ça me fera marée. Je ferais du bar ou du loup puis si je monte à Paris je ferais du loubard ! »

Il peut pas s’en empêcher.

Il fait le clown triste.

Quand il a bu, il est tendre. Ca attire mais on voit bien qu’il y a quelque chose de moche quelque part.

C’est dans son regard.


Emmanuelle

Il avait fallu l’attendre.

Il revient d’un reportage que tout le monde trouve déjà passionnant.

Il avait dit qu’il ne faudrait pas l’attendre, mais il arrive à peine le repas commencé…

Il se met à table, commence à parler. Parler, parler pour qu’on l’écoute, parler pour se persuader de l’intérêt de ses paroles, parler pour s’écouter parler.

En parlant, il commence à se servir de vin. Un verre, puis un deuxième car il ne se rend même pas compte qu’il a bu le premier.

Il ingurgite tout ce qu’on lui sert dans son assiette, puis il se ressert car il ne se rend même pas compte qu’il a déjà fini. Ensuite, il se remet à parler, à étaler sa science, persuadé que chacun autour de la table boit ses paroles sans concession.

Il est là et on l’écoute. Rien d’autre n’a d’importance. Pas même le goût de ce qu’il engouffre entre chaque mot.

Il attend qu’on s’intéresse à lui, à son travail de photographe, et finalement, il parle déjà du prochain reportage, du prochain voyage. Et personne d’autre que sa sœur ne perçoit l’angoisse et l’inquiétude de ce prochain départ. Chacun ne voit qu’exotisme et originalité.

Et lui se raccroche à ce miroir des autres pour se persuader de l’intérêt de sa vie.

Il a toujours couru après cette vie qui lui échappe pour chercher à capturer avec son appareil photo, une réalité fulgurante.

Mais cette réalité lui a toujours échappé. Alors il se rattrape avec les mots et son auditoire toujours curieux de ses aventures en s’enorgueillant d’être écouté, pourtant miné par le doute.


Marie

Elle était belle comme une image. Des cheveux très longs que j’imaginais parfumés (je ne me suis jamais tenue assez proche d’elle pour le vérifier) grande et bien faite, un visage à la grave beauté masculine traversé de larges yeux. Une aisance sur de grandes jambes, une mélodie de corps, une grâce posée là au milieu de nous autres qui étions sans grâce et boutonneux.

Vive, légère, autoritaire, gaie, la voix ample et caressante, elle faisait la vie plus intense. Elle captivait. Les regards la poursuivaient quand elle faisait son entrée dans la classe en agitant ses beaux bras et nos cœurs tout neufs. Elle tenait sa cour dans la cour. C’est ce que disaient les jaloux.

Autour d’elle l’air coagulait quand elle criait bravement :  » Qui m’aime me suive !  » Les garçons se défiaient du regard, les filles s’électrisaient, suspendaient leurs gestes, leurs mastications, leur mauvaise humeur ; tous aimantés, en attente du jeu, de la plaisanterie, de l’impertinence, du rire qui allaient suivre, entraînés puis aspirés dans son tourbillon.

Elle était si belle et décidée et péremptoire dans ses quinze ans. Elle voulait toujours qu’on la distrait, qu’on lui raconte une histoire, drôle, elle n’aimait que les histoires drôles qui lui permettaient de laisser perler son rire dans l’espace. Les garçons ça les rendait fous, les filles ça leur donnait des idées de rôles à venir, à tenir.

Elle disait aux filles : « Je me sens si laide » et on ne pouvait pas la croire.

Elle disait aux garçons : « Ne me regardez pas comme ça, pauvres cloches, vous voyez bien que tout est faux ! »

Ce n’était pas vrai, du moins pas encore.

Quand je l’ai revue beaucoup plus tard, elle a tout de suite rectifié la position, à collé un sourire sur son visage épaissi, éteint sa cigarette et caché son verre sous la table basse à ses pieds. Elle a aussi repoussé le type avachi à côté d’elle, l’œil mou, l’air vague. Il a dit : « Tu n’es vraiment pas sympa ce soir Michelle. »

Avec son prénom m’est revenue la chanson des Beatles qu’on fredonnait à l’époque partout : « Michelle my girl sont des mots qui vont très bien ensemble, très bien ensemble. »


Mathilde

 

(Lundi)

Félicien Rapeau contemplait dans le miroir son menton ombré de bleu avec une vague moue de dégoût. Il éprouvait une légère contrariété, un agacement naissant chaque matin à l’idée de tourner en vain la tête de droite à gauche sans jamais pouvoir apercevoir son profil.

 

(Mardi)

Il commençait sa journée sans savoir de quoi elle se nourrirait, entre quelles frontières inexplorées elle allait s’étendre. Pas de rendez-vous à honorer, pas d’horaires de travail à respecter ni de proche pour le contraindre ou l’entourer.

 

(Mercredi)

Les événements de la veille au soir lui revenaient peu à peu, des visages, des rires un peu flous traversaient sa mémoire sur la pointe des pieds. Il ne cherchait pas à en saisir les contours exacts, tous ces sourires, ces ondulations de femmes inconnues l’avaient flatté dans l’instant, sans lui laisser la moindre empreinte.

 

(Jeudi)

Devant l’étendue lisse de cette nouvelle journée il était à l’affût de son envie, du moindre sursaut de son désir intérieur, cherchant s’il allait sortir ou rester, tenter d’entrer en contact ou de se replier…plongé en lui-même il fut surpris de percevoir un mouvement dans la pièce voisine, un froissement de draps, un soupir qui l’obligèrent à se reconnecter davantage avec la soirée de la veille.

 

(Vendredi)

Il eut un second mouvement d’agacement à l’idée des questions qui n’allaient pas manquer de suivre, à l’idée de devoir se justifier ou se comporter de manière attendue… à l’idée de devoir retrouver un prénom qui ne lui revenait pas… toujours pas…

 

(Samedi)

Cette intrusion de la réalité dans son face à face rituel avec son miroir lui parut si violente qu’il sentit monter en lui une réelle nausée.

 

(Dimanche)

Ce vide d’une journée sans contours qui s’offrait à lui quelques instants plus tôt lui apparaissait désormais comme un paradis perdu, un paradis vague et indéfini qui allait devoir reculer et céder sous les assauts du monde.


Marie Christine

 

Est une jeune femme pulpeuse, gaie, enjouée, nous sommes tous pendus à ses lèvres : Paul, Joanna, Pierre, Marie, Christelle.

Sur le banc de la fac, tous déjà voulaient être à ses côtés,

A la remise du diplôme de Jean, elle était là ! Papillonnant, titillant les garçons, Astrid l’a jalousé.

Elle boit beaucoup trop, cela n’étonne pas Helena

Laurent me dit alors : « si elle vient vers moi ? ! ….. »

Muriel passe devant le miroir, plus belle dehors que dedans, murmure Eva !!!

Elle va en faire craquer des cœurs, normal ! Docteur anesthésiste… Future ! Future anesthésiste !!!!!!!!!!  Moi si j’étais elle ?!!  Eva s’arrête puis dit : «  je déconne! »

Le temps est passé et a aujourd’hui une petite fille, et, recherche une nounou, Janine se propose,  lui tend le verre de Wisky, Muriel boit cul sec, elle se dit bonne maison…

Cette première soirée est à la fois étrange et fascinante. Elle raconte quelques anecdotes croustillantes et à dormir debout, on se regarde…., elle, rit, rit, elle semble heureuse.

Elle nous relate son opération qu’elle a réalisé toute seule puis a refermé la plaie, seule sans aide ni la moindre anesthésie. Il fallait le faire sinon elle perdait la vie…

Janine sort du salon avec ce sourire en coin que chacun d’entre nous lui connait quand elle doute.

Son séjour humanitaire en Afrique et son voyage en 4×4 est tout aussi fascinant  de mensonge mais si bien narré, nous sommes pendus à ses lèvres comme anesthésiés, je repense alors, au copain d’Eva !!!

Afin de rallier un autre camp d’aide, il fallait traverser le  désert Nigérian, et là,

-« J’ai eu une envie présente » dit-elle, « je m’arrête, je regarde à droite, à gauche, personne, le coin idéal pour faire pipi ? !! Et là, des pierres précieuses apparaissent les unes après les autres, il y en avait des dizaines, des vertes, des bleus… Et alors… Alors ! Pas le droit de les prendre, les miradors…  et, les militaires… armés jusqu’aux dents surveillaient, tu comprends !!! J’ai du renoncer….

Comme pendant nos études, Coco ne déroge pas à la règle, il boit ses paroles, Janine, elle, supporte…

Les fils de coco espèrent, leurs petites amies la redoutent

Elle est tellement attachante. Coco dit :- « on l’invite à noël ? » Pascal se réjouit

Et elle se sent bien chez eux, trop bien… Elle approuve.

Coco lui, le pauvre couvreur n’ayant que seul horizon des toits et des toits ! !! Elle approuve et lui renvoie ce merveilleux sourire, celui  qui réchauffe le cœur des hommes !!!

-« Et puis la politique m’ennuie, sert moi un verre ! ».

Elle est partit le 15 Aout, exercer vers un autre ailleurs

Tous espérés recevoir son dernier merveilleux sourire, tous désespérés de son départ…

Sauf LOU ! La petite amie de Pascal